Du 12 au 19 décembre 2021, dans le cadre de la deuxième mobilité du projet Erasmus « Les lieux de mémoire européens », le lycée Palissy a rejoint à Séville ses partenaires espagnols, estoniens, italiens et slovènes afin de faire l’état des lieux des travaux nationaux de ce projet débuté l’an passé et malmené par la crise sanitaire qui avait retardé les déplacements.
Le club Erasmus de notre établissement qui compte une bonne vingtaine d’élèves avait envoyé 6 des leurs encadrées par MM. Galan et Renouleaud, enseignants d’histoire et géographie et membres de ce projet piloté par MM. Florent Boudet et Stéphane Tastet.
Et c’est sous un soleil hebdomadaire et 20°C atteints chaque jour que Lilou Claveri, Marina Doyeux, Emma Fouet, Marie-Sauvade Laffort, Cassandra Nadalig et Anouk Truchi-Benali ont échangé et travaillé avec les autres partenaires de ce projet qui a pour ambition, au-delà du thème traité, de faire se rencontrer les Européens.
Au programme de ce séjour les équipes nationales devaient présenter un bilan des travaux achevés et développer sur ceux en cours. Ensuite, la visite de Séville et de lieux en lien avec l’histoire de l’Espagne permettait de réfléchir sur la dimension locale et nationale des lieux de mémoire. La cathédrale de Séville est unique avec son clocher-minaret mais les cathédrales sont nombreuses en Espagne et en Europe. Même question pour l’Alcazar, pour le centre-ville, pour les arènes…
De même, la découverte et l’exploitation du continent américain ont fait de Séville le cœur économique de l’Europe au XVIème siècle et a signé le siècle d’Or de l’Espagne. Et pourtant les produits rapportés sont pour certains devenus des lieux de mémoire locaux, nationaux et pourquoi pas européens : la pomme de terre, la tomate, le chocolat.
Le pavillon de la Navigation de l’Expo 92 et la visite de Cadix ont permis aux élèves de comprendre les liens étroits qu’entretenait Séville avec l’océan qui sont peu visibles aujourd’hui : les lieux de mémoire sont donc mortels également.
L’accueil des Sévillans fut aussi chaleureux et doux que le climat ; nos élèves ont découvert les joies mais aussi les difficultés linguistiques de basculer d’une langue à l’autre et l’anglais s’imposait souvent. Elles ont surtout resserré des liens et lancé des « ponts » avec leurs correspondantes respectives. Durant quelques jours, Séville fut un carrefour de 5 lycées européens comme elle fut longtemps celui entre l’Afrique et l’Europe et l’Europe avec l’Amérique. Sa devise est juste, NO 8 DO (no madeja do, contraction de No me ha dejado): « elle ne m’[nous] a pas laissé » indifférents à sa beauté architecturale et à sa richesse culturelle.
Et si vous souhaitez vous rendre à Séville alors lâchez le guide de vos mains et détournez vos yeux de Google Maps ! Perdez-vous ! Suivez le souvenir ému et nostalgique d’Antonio Machado et contemplez sa Séville ! Étrangement, elle a peu changé …
« oh ! terre où je naquis ! je voudrais chanter.
J’ai des souvenirs de mon enfance, j’ai
des images de lumière et de palmiers,
et dans une gloire d’or,
de clochers lointains avec des cigognes,
de villes avec des rues sans femmes,
sous un ciel indigo, de places désertes
où poussent des orangers flamboyants
avec leurs fruits ronds et vermeils ;
et dans un jardin sombre, le citronnier
aux branches poussiéreuses
et aux pâles citrons jaunes
que reflète l’eau claire du bassin,
un arôme d’iris et d’œillets
et une forte odeur de basilic et de menthe ;
des images de grises oliveraies
sous un soleil torride qui étourdit et aveugle,
et de montagnes bleues et dispersées
sous les rougeurs d’un soir immense (…)
Antonio Machado, Champs de Castille, Poème CXXV.
Prochain déplacement en mai avec 6 autres élèves à Narva en Estonie.